Automobiles ALBA
Les chroniques de Victor

Les automobiles ALBA

Qui d’entre nous savait …
Qui connaissait, devrais je dire, plus particulièrement, les automobiles ALBA ?

Vacharde question, car cette marque d’automobile pourtant bien de chez nous, a disparu corps et biens, il y a bien longtemps. Vous êtes parfaitement excusables donc et, quant à moi, toujours à l ‘affût, je saisis au vol cette lacune, pour vous parler d’ALBA,, l’une des 143 marques d’automobiles françaises, de l’époque , c’est à dire celle de l’âge d’or de l’industrie automobile française.

Faisons à présent connaissance avec la marque ALBA qui naquit vers 1890 et disparut en 1929.

ALBA, était installée à Suresnes, et pour être précis au 47 rue Rouget de Lisle. Une banlieue parisienne au paysage tristement industriel tel qu’on le rencontrait alors – et partiellement encore de nos jours -, dans la boucle de la Seine, de Suresnes à Gennevilliers, où nombre d’autres pionniers de l’automobile avaient planté leurs toitures en sheds et leurs bannières.

Petite entreprise de constructions métallurgiques à, ses débuts, elle fut tout d’abord sous traitant de l’industrie automobile à laquelle elle fournissait des pièces et, plus particulièrement des éléments de châssis.

C’était du reste assez courant alors que de nombreux sous-traitants parfois très spécialisés, fournissent qui, le châssis, qui, le moteur et qui, d’autres parties encore, pour être assemblées, bien souvent sans mention de leur origine, dans une automobile commercialisée sous le nom d’une autre marque.

Rien de choquant à cela. C’était la règle admise par tout le monde, tout simplement, car les moyens limités des sous-traitants spécialisés ne leur permettaient pas de financer et d’entretenir un onéreux bureau d’études chargé de concevoir de A à Z une nouvelle automobile et c’est ainsi qu’à ses débuts la construction automobile connut ce que l’on peut appeler « la voiture composite ».

Assembler des pièces de diverses origines était, en effet, la solution adéquate pour devenir constructeur à son tour et à moindre frais tout en s’assurant une certaine fiabilité.

C’est ainsi que naquit la première voiture ALBA, une 10/12 HP, et 2 L (70×130) à empattement de 300 cm. La même année, ALBA sortit une voiturette faisant 5 HP et baptisée « Bobby ». (cf. ci-dessus son illustration) Elle était conçue par Lucien BOLLOCK, qui sera l’un des fondateurs de la marque BNC ( BOLLOCK-NETTER et Cie ). Voir la réclame de 1921, ci-dessous et la présentation de la marque BNC ci-après.

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L’évocaton de cette marque, un peu longue, me conduit à vous livrer son hstoire en deux parties. Vous venez de faire connaissance d’ALBA et la prochaine livraison des échos vous apportera le complément de cette histoire. À suivre donc …

Cependant ALBA ne fut pas la première à utiliser cette procédure si bien que, pour se démarquer de ses concurrents, elle dût s’équiper sa 7cv d’un rustique « starter » permettant de régler le mélange air/essence au niveau du radiateur à porter de main de la manivelle. Un quatre cylindres Altos de 1100cm3 et une très bonne transmission firent de l’ALBA une automobile vivace, particulièrement bien adaptée aux régions montagneuses où, sans l’embrasement de la Grande Guerre, la firme de Suresnes aurait sans doute connu un succès certain.

A peine plus d’une dizaine de 7cv furent assemblées avant que l’entreprise ne se consacra entièrement à l’effort de guerre en sous-traitant les commandes de guerre passées aux grands industriels par l’état.

En 1919, la petite firme d’avant guerre était devenue une entreprise si prospère que son retour sur le marché automobile se fit sous les auspices de l’nnovation.

La nouvelle 10/12cv fut, en effet, équipée d’origine de freins avant spécifiquement brevetés par ALBA.

La presse de l’époque fut particulièrement élogieuse car les essais montrèrent une indéniable supériorité d’ALBA en terme de sécurité puisque cette dernière freinait droit et s’arrêtait sur une bien plus courte distance que ses concurrentes. A noter que Citroën équipa en option certaines de ses 5cv du système de freinage dit « Poulet » du nom de l’ingénieur qui oeuvrait alors chez ALBA. Cet ingénieur avait intégré la firme au moment de son rachat par un certain Bollard qui fit parler de lui quelques années plus tard avec les cycle cars BNC.

Sous l’égide de la nouvelle direction, l’entreprise présenta à la même époque un cycle-car 6cv carrossé en torpédo 2 ou 4 places dénommé « Bobby-Alba». D’une construction particulièrement soignée sa diffusion fut néanmoins limitée en raison d’un prix de vente plutôt élevé mais cette contre performance n’empêcha pas la firme de s’attaquer en 1924 aux 24h du Mans. L’entreprise consacra toute son énergie et ses finances à concevoir le type S4 pour concourir en catégorie 1100/1500 avec le duo Raoul Roret et Bruno Colise.

Malheureusement, ALBA perdit tout espoirs de reconnaissance lorsqu’au 79ème tours son bolide s’immobilisa définitivement le long de la piste. Cette mésaventure fut d’ailleurs lourde de conséquence pour ALBA qui y laissa les plumes et son bas de laine, constitué pendant la Grande Guerre. C’est dans ces conditions qu’ALBA présenta en 1926 son dernier modèle, inspiré techniquement des fameuses BNC, sur lequel une option permettait de monter un compresseur Cosette et un servo-frein agissant sur les quatre roues.

Mais c’était trop tard. Exsangue, la firme abordait cette deuxième partie des années 20 avec un très sérieux handicap car l’euphorie de l’après guerre laissa place à une période d’intenses innovations, exigeantes en investissement industriel.

La conception des automobiles évolua à tel point qu’en moins de trois ans les survivances techniques d’avant guerre disparurent en grande partie. C’est à cette époque que les si dangereux vitrages coupants furent remplacés par du verre « sécurité», appelés plus tard « Securit » que les carrosseries torpédo furent peu à peu supplantées par les Conduites Intérieures à caisse métallique et que le fameux shimmy fut éradiqué. Ce dernier effort ne permis pas à la firme de surmonter les premières affres de la crise économique qui l’emporta en 1929.

Nombre d’autres firmes « secondaires », – dont j’aurai le moment venu le grand plaisir de vous parler -, succombèrent à cette période faute d’investissements suffisants rendant peu à peu obsolètes leurs automobiles produites avec un outil industriel d’un autre temps. Ce qui est extraordinaire, dans cette histoire, c’est qu’aucune leçon ne fut tirée de cette évolution technologique, économique ou de sécurité, et que la même insouciance trôna à la fin de la 2ème Guerre Mondiale, ce qui nous vaudra d’assister consternés à une nouvelle charretée d’entreprises. Nous restons d’ailleurs toujours consternés. Et pas seulement concernant l’industrie automobile. Quand cesserons nous d’être inconséquents ?

Les découvertes de

Victor Mataouchek

qui d’entre vous savait que …

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