Automobiles ARIÈS
Qui d’entre nous savait …
Oui, qui d’entre nous connaissait l’histoire et le périple de la marque d’automobiles ARIÈS, à l’époque qui s’étend de l’aube des années 1900 au crépuscule des années 30 et que l’on peut qualifier « d’âge d’or » de l’industrie automobile française.
Il y avait en ce temps, aujourd’hui bien lointain, plus de 80 marques d’automobiles en France, dont il ne reste plus aujourd’hui que Renault et la nébuleuse PSA qui enveloppe les deux frères ennemis, Peugeot et Citroën.
C’est, donc l’épopée d’Aries que je souhaite vous raconter.
A ses débuts, un peu avant 1903, la marque ARIÈS vivait paisiblement, limitée à la construction de véhicules
utilitaires, quasi uniquement des camions. En début de l’année 1903, Charles PETIET, décide d’élargir les productions de l’usine Ariès, dont il est propriétaire, par la fabrication d’automobiles alors en plein essor. Cette
nouvelle activité se fait dans le cadre de la non moins nouvelle appellation de la marque, la SDAA ( Société Des
Automobiles Aries ) et s’installe d’abord à Asnières puis à Villeneuve-la-Garenne.
Le choix de l’appellation « Ariès» est assez symbolique. En effet, «Ariès » est la traduction latine du mot bélier, un animal qui symbolise la force, l’audace et l’agilité, des qualités que le baron PETIET tient à retrouver dans ses
automobiles.
Fin 1903, un représentant de commerce entreprend un tour de France automobile d’environ 5 000 km, au volant d’une Ariès 12/14 HP type B, sans incident mécanique. C’est une superbe publicité qui vient à propos pour cette entreprise naissante. De 1904 à 1920 la marque Ariès se distingue par la création de gammes complètes de véhicules qui s’étendent du modèle 8/10HP type C, bicylindres, au puissant modèle 30/35 HP type F, animé par le premier moteur français à six cylindres en V, incliné à 15 degrés et le 10/14 HP type S6 remplaçant le moteur en ligne de 1908. La marque continue par ailleurs dans les véhicules de « poche » avec le type 8/10 HP à quatre cylindres en V de 1,1 litre et à l’essieu arrière fourni par les Établissements de Dion Bouton, qui a tendance à se généraliser.
Enfin, la marque innove en commercialisant les premiers camions à benne basculante.
En 1920, la firme reprend la production de la série S de 1913 qui, réactualisée, prend l’appellation de « Nouvelles 5HP Ariès ». Ces modèles populaires seront construits jusqu’en 1929 dans différentes versions, dont une utilitaire.
En 1923 Aries propose deux modèles principaux, à savoir une voiturette de 5 HP type CC2, animée par un moteur de 4 cylindres 1 L (60×85 mm) à empattement de 255 cm et, d’autre part, un 4 cylindres de 3 L (82×140) à empattement de 318 cm. Dans le domaine des utilitaires, si l’immédiat après guerre a été satisfaisant, les affaires commencent à péricliter, surtout à partir de l’été 1923.
Non seulement la demande s’amenuise, mais la concurrence se fait de plus en plus sérieuse, notamment avec Berliet et Renaut. Les ventes des automobiles sont elles aussi menacées et alors que de nombreuses marques disparaissent, Aries s’efforce de suivre en simplifiant progressivement son catalogue pour s’orienter vers un modèle unique avec le type 9-40 C4 B qui possède un moteur à distribution mixte.
Mais cela ne suffit pas, alors surtout que le reflux dû à la grande dépression de 1929 est là.
La survie continue et cahin-caha c’est un pan entier de l’industrie automobile française – celle qui nous intéresse – qui bascule et qui plonge corps et biens dans le courant tumultueux des années 30.
Et c’est dans ces conditions qu’arrive l’année 1938.
La néfaste année 1938 qui verra les productions Ariès cesser, au terme d’un combat qui aura duré trop longtemps.
Que reste-t-il des années d’opiniâtre labeur qui ont forgé ses qualités : innovation, fiabilité, originalité, confort,
élégance, performances, ces qualités qui lui ont valu d’être comparée à la prestigieuse marque britannique qu’était Rolls-Royce. Ce petit constructeur, somme toute, a produit environ 20 000 châssis en 35 ans seulement, soit moins de deux par jour en moyenne. Alors que les conditions économiques changent et que les constructeurs s’agglomèrent en de puissants consortiums, l’industrie à la papa avait fait son temps. Ariès n’a pas pu résister face aux gros industriels produisant cent fois plus et plus vite. Ariès n’accepte pas les offres de rachat, de celles surtout qui ressemblent à un mariage forcé .
L’aventure de la grande marque qu’elle fut, allait prendre fin.
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